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Biologique : quelle différence? | Anahite Afshar, Nutritionniste 

 

Anahite Afshar

 

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Les aliments issus de l’agriculture biologique sont-ils meilleurs

que ceux issus de l’agriculture conventionnelle ?

Si oui, sont-ils meilleurs pour l’environnement ?

Meilleurs pour la santé ? Meilleurs au goût ?

Pour répondre à ces questions, il faut d’abord définir le terme « biologique ».

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Qu’est-ce qu’un aliment biologique ? (1)

On ne peut pas qualifier n’importe quel aliment de « bio ». Le terme « biologique » est encadré par une loi du gouvernement du Québec qui exige que tous les aliments portant l’appellation « biologique » soient certifiés par un organisme officiellement reconnu.

Les aliments biologiques proviennent d’un mode de production et de transformation axé avant tout sur la protection de l’environnement.

L’agriculture biologique privilégie le respect des cycles naturels, l’utilisation de ressources renouvelables, le recyclage, le maintien de la biodiversité ainsi que la santé et le bien-être des animaux.

Ce qui implique donc que l’ensemble des techniques utilisées pour la production et la transformation des aliments biologiques exclut le recours aux produits et méthodes suivantes :

  • Pesticides et engrais chimiques de synthèse
  • Organismes génétiquement modifiés (OGM)
  • Antibiotiques et hormones de croissance
  • Irradiation et agents de conservation chimiques.

Et donc, c’est meilleur ?

Pour l’environnement ?

Aucun doute là-dessus. Les méthodes de production de l’agriculture conventionnelle ont des conséquences néfastes sur l’environnement. Les pesticides et les engrais chimiques entrainent la dégradation des sols, la contamination des terres, mais également des eaux et de l’air et ce, sans parler de la perte de biodiversité. (2)

Sachant que la santé de la planète a un impact direct sur la santé humaine, il s’agit d’un argument suffisamment important pour manger davantage « bio ».

Pour la santé ?

Il n'y a encore aucune certitude là-dessus, mais cela serait possible.

Selon une méta-analyse de grande envergure, les aliments issus de l'agriculture biologique contiennent significativement plus d'antioxydants (polyphénols) et significativement moins de résidus de pesticides et d’un métal lourd toxique (le cadmium) que les aliments issus de l’agriculture conventionnelle (3).

Bien que davantage d’études in vivo et in vitro sont nécessaires pour bien comprendre comment les polyphénols interagissent avec les processus physiologiques et pathologiques humains, les études cliniques tendent à montrer des effets protecteurs de divers aliments riches en ces molécules contre les maladies chroniques, telles que les maladies cardiovasculaires, la neurodégénérescence et les cancers (4).

Les résidus de pesticides seraient jusqu’à quatre fois plus élevés dans les aliments de cultures conventionnelles que dans les aliments biologiques (5). La toxicité des pesticides dépend des niveaux d’expositions. Le risque pour la santé est plus élevé avec une exposition directe aux pesticides (appliquer personnellement les pesticides sur les plants par exemple) qu’avec une exposition indirecte (à travers l’air, la poussière, l’eau et la nourriture par exemple). (6)

Selon Santé Canada, les quantités résiduelles de pesticides présentes dans les aliments de cultures conventionnelles ne présentent pas de risque pour la santé humaine (7).

Pour ce qui est du cadmium, il s’agit d’un métal hautement toxique et l'un des trois seuls métaux lourds pour lesquels des limites maximales de résidus dans les aliments ont été fixés (les deux autres étant le plomb et le mercure). Le cadmium s'accumule dans le corps humain, principalement dans le foie et les reins, et donc les niveaux de consommation alimentaires de ce contaminant devraient être aussi faible que possible. Tout comme pour les pesticides, bien qu’il soit souhaitable de diminuer l’exposition au cadmium, les potentiels avantages pour la santé associés à la réduction du cadmium à travers l’alimentation biologique est difficile à estimer. Par ailleurs, il n’y avait pas de différences significatives pour le plomb et le mercure entre aliments biologiques et conventionnels. (8)

On pourrait donc présumer par le fait qu’ils contiennent davantage d’antioxydants et moins de résidus de pesticides et de cadmium, qu’il y aurait un avantage pour la santé humaine. Cependant, on ne peut pas extrapoler les résultats : ce qui a été mesuré dans ces études était les différents composants de ces aliments et non leur effet sur l’être humain. Ce n’est donc pas parce que les résultats sont significatifs sur leur composition que les résultats seraient automatiquement significatifs sur la santé humaine.

Par ailleurs, la relation entre la valeur nutritive et les effets sur la santé n’est pas aussi simple. Des études réalisées sur des animaux ont démontré jusqu'à présent des effets positifs d'un régime alimentaire biologique sur le poids, la croissance, la fertilité et le système immunitaire. De plus, des études épidémiologiques humaines récentes ont associé la consommation d'aliments biologiques à un plus faible risque d'allergie. Cependant, il y a peu d’études humaines réalisées et les résultats des études sont encore ambigus. (9)

Au goût ?

C’est une question subjective. On dit que les goûts, ça ne se discutent pas ! Il y a tout de même quelques études sur la question qui ont été réalisées, mais les résultats sont incohérents. De nombreux consommateurs estiment tout de même que les aliments biologiques sont plus frais et goûtent meilleurs que les aliments conventionnels. (10)

L’inconvénient ? Le prix !

Les aliments biologiques coûteraient en moyenne 47% plus cher que les aliments conventionnels (11). Pourquoi ? L’utilisation de pesticides, d’engrais chimiques, d’agent de conservation chimiques et autres méthodes permet d’augmenter et d’accélérer la production, et donc de réduire les coûts.

Peut-être que la question à se poser n’est pas pourquoi les aliments biologiques sont chers, mais plutôt pourquoi les autres aliments ne le sont pas ?

Si le prix reste un frein à l’achat d’aliments biologiques, voici tout de même quelques trucs pour réduire la consommation de pesticides à plus petits prix :

Trucs pour éviter les pesticides :

  1. Consommer la version biologique des fruits et légumes qui contiennent davantage de résidus de pesticides et la version conventionnelle de ceux qui en contiennent le moins. Il existe une liste qui classe les fruits et légumes selon leur teneur en pesticides : https://www.ewg.org/foodnews/list.php
  2. Laver ou brosser les fruits et légumes à l’eau froide. Il n’est pas nécessaire d’utiliser un produit, l’eau suffit. Si vous pelez les aliments, vous réduisez une partie des pesticides, mais également des fibres, vitamines et antioxydants. Par ailleurs, les pesticides peuvent être appliqués sur les graines ou les noyaux et ne se retrouvent pas nécessairement en plus grande quantité sur la pelure.
  3. S’abonner à un panier biologique. Le prix des aliments et souvent moins cher puisqu’ils proviennent directement de la ferme. Cela encourage l’économie locale tout en étant plus écologique.

Manger beaucoup de fruits et légumes, biologiques ou non, reste bénéfique pour la santé et surpasse les effets néfastes possibles des résidus de pesticides.

 

Anahite Afshar, Nutritionniste-Diététiste Plateau

 

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Références :

  1.  Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation. L’alimentation biologique, un choix logique ! : http://www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Publications/AlimentsBio.pdf
  2.  Lavallée, B. (2015). Sauver la planète une bouchée à la fois. Montréal, Québec : Les Éditions La Presse.
  3.  Baranski et al. (2014). Higher antioxidant and lower cadmium concentrations and lower incidence of pesticide residues in organically grown crops: a systematic literature review and meta-analyses. British Journal of Nutrition. 112 794–811
  4. Del Rio D et al. (2013). Dietary (Poly)phenolics in Human Health: Structures, Bioavailability, and Evidence of Protective Effects Against Chronic Diseases. Antioxidants & Redox Signaling. 18 (14) 1818-1892.
  5. Baranski et al. (2014). Higher antioxidant and lower cadmium concentrations and lower incidence of pesticide residues in organically grown crops: a systematic literature review and meta-analyses. British Journal of Nutrition. 112 794–811
  6. Alavanja MCR et al. (2004). Health Effects of Chronic Pesticide Exposure: Cancer and Neurotoxicity. Annu. Rev. Public Health. 25:155–97
  7. Santé Canada: consommation/rapports-publications/pesticides-lutte-antiparasitaire/fiches- renseignements-autres-ressources/reglementation-pesticides.htm
  8.  Baranski et al. (2014). Higher antioxidant and lower cadmium concentrations and lower incidence of pesticide residues in organically grown crops: a systematic literature review and meta-analyses. British Journal of Nutrition. 112 794–811
  9. Huber M et al. (2011). Organic food and impact on human health: Assessing the status quo and prospects of research. NJAS - Wageningen Journal of Life Sciences. 58 103– 10
  10. Shafie FA & Rennie D. (2012). Consumer Perceptions towards Organic Food. Procedia - Social and Behavioral Sciences. 49 360 – 367
  11. Consumer Reports. The cost of organic food. [EN LIGNE] http://www.consumerreports.org/cro/news/2015/03/cost-of-organic-food/index.htm

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