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Pourquoi manger moins de viande? | Anahite Afshar, Nutritionniste-Diététiste 

 

Anahite Afshar

Pourquoi manger moins de viande ?

 

1. Pour l'environnement (et donc, pour nous)

Selon l'Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et 'agriculture (FAO), au cours de la dernière décennie, la consommation mondiale de produits carnés a augmenté de 25 %. Cette (sur)production de viande qui vise à répondre à la demande montante a un impact écologique immense. L'élevage est l'une des principales causes des problèmes environnementaux les plus urgents, soit les émissions de gaz à effet de serre, la dégradation des terres, la pollution de l'atmosphère et des eaux ainsi que la perte de biodiversité. (1)

Les émissions de gaz à effet de serre

L'élevage occupe 75% des terres agricoles et plus du tiers de l'agriculture totale sert à nourrir les bêtes. À elle seule, l'industrie de la viande est responsable de 14,5% de l'émission de gaz à effet de serre mondiale. Ces émissions proviennent d'une part de la production de nourriture pour les animaux, mais également de la fermentation de la nourriture dans le tube digestif des ruminants (méthane). (2)

La dégradation des terres, la pollution de l'atmosphère et des eaux

L’élevage entraine également une dégradation de la qualité des sols entre autres à cause des pesticides, des engrais, ainsi que de l’accumulation d’excrétions animales. Les terres agricoles deviennent ainsi de moins en moins fertiles et, pour compenser cette problématique, davantage de produits chimiques sont utilisés ! L’élevage traditionnel entraine un cercle vicieux de pollution. Par ailleurs, plus de 8% de l’eau potable utilisée par les êtres humains est destinée à l’élevage. Cette eau se retrouve également contaminée par les mêmes produits chimiques et les excréments animaux et s’infiltre sous terre et pollue de plus grandes quantités d’eau potable. (3)

La perte de biodiversité

Les terres, utilisées pour l’élevage et pour l’agriculture liée à l’élevage, étaient avant l’intervention humaine, l’habitat de nombreuses espèces animales et végétales. L'Amazonie, la plus grande forêt tropicale de la planète, est un exemple de cette perte de biodiversité secondaire à la production animale. Plus des trois quarts des terres déforestées de la région ont été converties en terres de pâturage et d’agriculture pour l’élevage. (4)

Ainsi, réduire la consommation de produits d’origine animale et augmenter la proportion d'aliments à base de plantes dans le régime alimentaire, à l'échelle populationnelle, serait un moyen efficace de lutter contre le réchauffement climatique, la pollution et la perte de la biodiversité.

 

 
 

2. Pour la santé

Mauvaise nouvelle pour les plus carnivores, une consommation élevée de viande rouge et de viande transformée est associée à un risque significatif de cancer colorectal (5).

Selon le Centre international de Recherche sur le Cancer (6), la consommation de viande rouge a été classée comme étant probablement cancérogène pour l’homme. Cette classification se fonde sur des indications encore limitées provenant d’études épidémiologiques montrant des associations positives entre la consommation de viande rouge et le développement du cancer colorectal. Il existe également des données indiquant des liens avec le cancer du pancréas et celui de la prostate.

La consommation de viande transformée, quant à elle, a été classée comme étant cancérogène pour l’homme. Cette classification se fonde sur des indications suffisantes provenant d'études épidémiologiques qui montrent que la consommation de viande transformée provoque le cancer colorectal chez l’homme. Il y aurait également une association possible avec le cancer de l'estomac, mais les données ne sont pas concluantes pour le moment.

C’est quoi de la viande rouge, c’est quoi de la viande transformée ?

La viande rouge désigne tous les types de viande issus des tissus musculaires de mammifères, donc le bœuf, le veau, le porc, l’agneau, le mouton, le cheval et la chèvre.

La viande transformée fait référence à toute viande qui a subie divers processus pour rehausser sa saveur ou améliorer sa conservation tels que la salaison, maturation, fermentation, fumaison, etc.

Donc manger de la viande transformée serait aussi nocif pour la santé que fumer la cigarette ?

Bien que la viande transformée ait été classée dans la même catégorie que d’autres agents causant le cancer, comme le tabagisme, cela ne veut pas nécessairement dire qu’ils ont le même niveau de risque. La consommation de viande transformée a été associée à une légère augmentation du risque de cancer et le risque augmente généralement avec la quantité de viande consommée.

On estime que la consommation quotidienne de 50 grammes de viande transformée augmente le risque de cancer colorectal d’environ 18%. Notez bien que le risque de développer le cancer du côlon à cause de la consommation régulière de viande transformé n’est pas de 18%, mais que le risque actuel serait 18% plus élevé. Ainsi, si le risque est d’environ 7%, il serait augmenté à 8,26% environ. Cela ne semble peut-être pas énorme, mais ce n’est pas non plus négligeable, surtout chez les personnes déjà à risque.

Pour quelles raisons la viande rouge et la viande transformée augmenteraient le risque de cancer ?

Il y a actuellement plusieurs hypothèses qui ont été émises. Tout d’abord, la viande est constituée de plusieurs composants et certains pourraient avoir un rôle dans le développement tumoral. Le fer héminique en serait possiblement un selon une étude qui suggère que ce nutriment serait un acteur clé dans le développement du cancer du côlon (7). Il y a également des composés chimiques cancérogènes qui se forment au cours de la transformation de la viande, par exemple les nitrosamines dans les charcuteries. La cuisson de la viande produit également des composés cancérogènes tels que les amines aromatiques hétérocycliques ainsi que des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). La cuisson à température élevée où la viande est en contact direct avec une flamme ou une surface chaude, comme sur la grille du barbecue, produit davantage de ces composés.

Devrait-on arrêter de manger de la viande rouge ?

La consommation de viande, bien qu’elle ne soit pas indispensable à la santé humaine, a tout de même certains bénéfices reconnus. Cependant, le risque augmente avec la quantité consommée, et les données disponibles ne permettent pas de définir un niveau de sécurité.

Plusieurs organismes de santé conseillent tout de même aux individus de limiter leur consommation de viande transformée et de viande rouge, qui est non seulement liée à des risques accrus de cancers, mais également de décès par maladie cardiovasculaires, diabète et d’autres maladies.

Selon le « World Cancer Research Fund », les personnes qui consomment de la viande rouge devraient manger moins de 500g (18oz) par semaine, et celle-ci le moins transformée possible. (8)

La société canadienne du cancer, quant à elle, recommande d’essayer de limiter la consommation hebdomadaire de viande rouge à trois portions de 85 grammes (3 onces) après cuisson (l’équivalent d’un jeu de 52 cartes à jouer). (9)

Au Canada, une personne consomme en moyenne 54,7kg de viande rouge (bœuf, porc, veau, agneau, abats et autres) par année (10). Ce qui correspond à 1,05kg par personne par semaine. Nous sommes loin des recommandations !

Une alimentation végétarienne bien planifiée, incluant le végétalisme, est adéquat sur le plan nutritionnel et ce, à toutes les étapes du cycle de vie : la grossesse, la lactation, la petite enfance, l’enfance, l’adolescence ainsi que pour les athlètes. Une diète végétarienne peut même aider à prévenir et traiter certaines maladies. (11)

Cependant, sans automatiquement devenir 100% végétarien, manger davantage de produits végétaux et moins de produits animaux reste bénéfique à la fois pour la santé et pour celle de la planète.

Comment manger moins de viande ?

  1. Participer au mouvement « Lundi sans viande » (Meatless Monday) et bannir les protéines animales au moins une journée dans la semaine.
  2. Essayer les restaurants végétariens pour élargir ses horizons et faire de belles découvertes.
  3. Remplacer la viande hachée dans les recettes par un substitut végétal, tel que du tofu émietté ou des lentilles.
  4. Essayer les versions végétariennes de plats traditionnels : burgers de légumineuses, saucisses à base de seitan, chili sin carne, etc.
  5. Remplacer la viande des sandwichs par du végé-pâté, du tofu ou du tempeh.
 
 
 

Anahite Afshar, Dt.P (Plateau)

Références

1. Organisations des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture. Les impacts de l’élevage sur l’environnement : http://www.fao.org/ag/fr/magazine/0612sp1.htm

2. Lavallée, B. (2015). Sauver la planète une bouchée à la fois. Montréal, Québec : Les Éditions La Presse.

3. Extenso : http://www.extenso.org/article/l-impact-de-l-elevage-sur-l-environnement/

4. Machovina B et al. (2015). Biodiversity conservation: The key is reducing meat consumption). Science of the Total Environment. 536 419–431

5. Chan DS et al. (2011). Red and processed meat and colorectal cancer incidence: meta- analysis of prospective studies. PLoS ONE; 6: e20456

6. Organisation mondiale de la Santé (OMS): http://www.who.int/features/qa/cancer-red-meat/fr/

7. Bastide NM et al. (2015). A Central Role for Heme Iron in Colon Carcinogenesis Associated with Red Meat Intake. Cancer Research; 75(5)

8. World Cancer Research Fund (WCRF): https://www.worldwidecancerresearch.org

9. Société canadienne du cancer : https://www.societederecherchesurlecancer.ca

10. Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec. La consommation de viande, Évolution et perspectives de croissance. 2012. Bioclips + vol 15 ;1

11. Academy of Nutrition and Dietetics. (2016). Position of the Academy of Nutrition and

Dietetics: Vegetarian Diets. J Acad Nutr Diet; 116:1970-1980.

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