Anahite Afshar
Le Syndrome de l’intestin irritable (SII)
Ballonnements, flatulences abondantes, crampes abdominales, constipation, diarrhée, ...
Ces symptômes vous sont-ils un peu trop familiers ? Peut-être souffrez-vous du syndrome de
l’intestin irritable.
Qu’est-ce que c’est?
Il s’agit d’un trouble fonctionnel des intestins. Un trouble fonctionnel est une maladie dont
l’ensemble des symptômes n’a pas de cause médicale clairement identifiée. Ainsi, les tests ne
montrent aucune anomalie du système digestif et le diagnostic se base uniquement sur des
symptômes qui apparaissent de manière inexpliquée.
Les symptômes les plus souvent rapportés sont les suivants :
- Ballonnements
- Flatulences (gaz) abondantes
- Inconforts, crampes et douleurs abdominales
- Besoin urgent d’aller à la selle
- Changements dans la consistance habituelle des selles
- Sentiment d’évacuation incomplète
- Constipation
- Diarrhée
- Alternance de constipation et de diarrhée
- Les types de symptômes et la gravité de ceux-ci peuvent varier d’une personne à l’autre. Les
- patients atteints du SII peuvent d’ailleurs être catégorisés selon la prédominance des
- symptômes (constipation, diarrhée, mixte ou non-classé).
Comment savoir si je souffre du SII?
- Tout le monde vit des problèmes de ballonnements, de constipation ou de diarrhée à l’occasion et n’a pas nécessairement le SII.
Pour qu’un diagnostic de SII soit posé, il faut qu’il y ait de la douleur abdominale chronique :
- Au moins une journée par semaine
- Depuis au moins 3 mois
- soit associée avec au moins 2 des points suivants: En relation avec la défécation, Associé avec une modification de la fréquence des selles, de l’aspect (apparence) des selles (voir échelle de Bristol, cœurs sensibles
s’abstenir).
Voir Échelle de Bristol pour l’évaluation de la consistance des selles.
Si vous pensez être atteint du SII, consultez votre médecin pour éliminer toute autre condition
médicale affectant le système digestif (maladie cœliaque, diverticulose, maladie de Crohn, colite
ulcéreuse, etc.).
Pourquoi je souffre du SII?
- Environ 15% de la population est affectée du SII à un certain moment au cours de sa vie, et ce trouble est bien plus fréquent chez les femmes.
- On ne parle désormais plus de « côlon » irritable, mais bien d’intestin irritable, car les anomalies motrices causant les douleurs abdominales concernent davantage l’intestin grêle que le côlon.
- Cependant, les mécanismes physiopathologiques du syndrome de l’intestin irritable restent mal compris.
On distingue tout de même des mécanismes dits « périphériques » :
- Des troubles de la motricité intestinale, c’est-à-dire que les contractions de l’intestin seraient anormales et provoqueraient de la douleur et des changements dans la consistance des selles. Par exemple, un intestin qui se contracte trop vite serait associé à de la diarrhée. Les aliments avanceraient trop rapidement dans l’intestin, limitant l’absorption de l’eau et donnant des selles plus liquides. D’un autre côté, un intestin qui se contracte trop lentement serait lié à de la constipation.
- Des anomalies de la paroi intestinales : micro-inflammation, perméabilité intestinale augmentée, anomalies de l’immunité muqueuse, etc. qui pourraient causer de la douleur et des changements dans la consistance des selles.
- Des facteurs intraluminaux, c’est-à-dire à l’intérieur du système digestif : Des anomalies du microbiote intestinal ou des perturbations de la flore intestinale (prise d’antibiotiques, infection gastro-intestinale, etc.) qui pourraient causer une diminution des bonnes bactéries et amener une augmentation du taux de bactéries pathogènes ; Une malabsorption des acides biliaires qui pourrait déranger la digestion des gras ; Une alimentation inadéquate (allergies, intolérances, mauvaises habitudes alimentaires, abus chronique d’alcool, etc.) .
- Ainsi que des mécanismes dits « centraux » : Une hypersensibilité viscérale (les personnes souffrant du SII ressentiraient les mouvements de l’intestin, normalement imperceptibles, comme étant de la douleur) ; Une anomalie des mécanismes de contrôle de la douleur (sensations d’inconforts exacerbées) ; Des facteurs psychosociaux (traumatisme, stress intense, etc.).
Il est donc peu probable qu’une seule entité soit responsable des diverses présentations de ce trouble. En fait, il existe peut-être même plusieurs formes de SII.
C’est grave, docteur?
- Il s’agit malheureusement encore d’un trouble incurable, mais pas de panique (surtout pas, car le stress à tendance à exacerber les symptômes)
- le SII n’est pas grave en soi, de plus il n’occasionne pas d’autres dommages pour la santé.
- Malgré tout, les symptômes peuvent être particulièrement désagréables, au point même de nuire au bien-être physique, mental et social et à la qualité de vie en générale. C’est pourquoi il doit être pris très au sérieux.
Même si à ce jour il n’existe aucun traitement qui permet de guérir indéfiniment du SII, il est tout à fait possible de gérer les symptômes. Que dois-je faire pour aller mieux?
- Qui dit causes multiples, dit aussi traitements multiples.
- Pour soulager les symptômes du SII, les médecins peuvent prescrire certains médicaments qui agissent sur les mouvements et les spasmes de l’intestin dans le but de diminuer la douleur.
- Cependant, le traitement le plus efficace pour gérer les symptômes du SII reste la modification de l’alimentation et des habitudes de vie.
Le rôle de l’alimentation
- 2 personnes sur 3 souffrant du SII voient un lien direct entre l’alimentation et les symptômes, qu’ils soient causés ou exacerbés par la prise alimentaire.
- Comme les causes peuvent varier, il est très difficile de prodiguer des conseils nutritionnels généraux valables pour tous.
- C’est pourquoi la première étape est de remplir un journal alimentaire pour déterminer s’il y a un lien entre certains aspects de l’alimentation et les symptômes.
- Un nutritionniste sera en mesure de vous aider à y voir plus clair et de vous guider.
Voici quelques pistes de solution qui peuvent déjà vous aider :
- Mangez à des heures régulières, évitez de sauter des repas et fractionnez les repas en évitant les portions copieuses pour favoriser de bonnes habitudes d’élimination.
- Mangez lentement et prenez le temps de bien mastiquer la nourriture avant de l’avaler pour faciliter la digestion.
- Augmentez graduellement votre apport en fibres alimentaires : légumes, fruits, légumineuses, noix et grains entiers. Il est également possible de jouer sur le type de fibres (solubles et insolubles) pour soulager
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