Benjamin Amram

L’ostéopathie est une médecine qui vise à restituer la mobilité des zones du corps présentant un blocage. Ces blocages peuvent se situer au niveau articulaire, viscéral, crânien et sur l'ensemble des tissus qui enveloppent le corps. Nous nous pencherons ici sur l'ajustement articulaire de la colonne vertébrale, axe incontournable de la mobilité.

L’intérêt de cet exposé repose sur les bienfaits d’un ajustement vertébral spécifique qui prend en considération les lois de la pesanteur, selon les travaux de John Martin Littlejohn, élève le plus brillant du fondateur de l’ostéopathie Andrew Taylor Still.

D'origine écossaise, John-Martin Littlejohn (1865-1947) était médecin et ostéopathe. Il a étudié les relations entre les différents niveaux de la colonne vertébrale et les organes du corps, ainsi que l'adaptation de l'homme à la verticalité. La vision biomécanique de Littlejohn est basée sur les lignes de gravité qui traversent le corps. Ces lignes s'entrecroisent et forment deux pyramides à base triangulaire opposées par leur sommet au niveau de la quatrième vertèbre dorsale et les têtes des troisièmes côtes, zone située entre les omoplates. L’équilibre du corps dépend de l’équilibre de ces deux pyramides.

Sans entrer dans les détails du concept biomécanique, retenons que si les zones anatomiques qui constituent les pyramides sont mobiles, alors l'harmonie peut s'exprimer. Un blocage articulaire peut littéralement changer les appuis du corps et déplacer le centre de gravité du patient. Deux types de postures sont possibles selon les différentes combinaisons de restriction de mobilité :

Le type antérieur :

Le type antérieur correspond à un profil de patient légèrement penché en avant. Cette posture entraîne une pression sur la paroi abdominale, surtout au niveau des ligaments du bassin, ce qui rend la zone douloureuse et peut entraîner, entre autres, des hernies inguinales, des ptôses viscérales et des irritations de la vessie.

Le type postérieur :

Le type postérieur correspond à un profil de patient légèrement penché en arrière. Cette posture entraîne une pression sur les viscères abdominaux et pelviens, et sur le sang circulant dans cette région. Une telle malposition conduit l'organisme à la neurasthénie, c'est-à-dire à une fatigue générale associée à des troubles du sommeil et un état d'abattement et de tristesse. De plus, avec une compression sur les viscères et une vascularisation de la zone perturbée, on peut rencontrer des problèmes comme des constipations, des hémorroïdes ou encore des dysfonctionnements au niveau de l’utérus.

Dans ces deux cas de figure, les pressions thoracique et abdominale sont perturbées. Il en résulte une rupture de l’équilibre entre ces deux enceintes manométriques, susceptible d’entraîner l’altération d’un ou plusieurs des systèmes qui les constituent, comme la respiration ou la digestion.

De plus, ces profils de type antérieur ou postérieur induisent des phénomènes de compensation qui placent le corps dans des positions vicieuses. Un exemple de compensation à la malposition du corps est le placement de la tête en hyper extension, qui fatigue les cervicales, donne des maux de tête et affaiblit les yeux.

L'ajustement vertébral spécifique va donc permettre au patient de reprendre une position statique et dynamique équilibrée. Pour maintenir cet état,

le traitement se poursuit par des exercices de posturologie.

Avec un diagnostic précis et holistique tenant compte également des appuis plantaires, de la vue et de l’articulation de la mâchoire, cette approche nous permet de renforcer nos appuis et donc de recentrer notre énergie afin de se mouvoir de manière harmonieuse.

Harrison H. Fryette, qui a mis au point les grands principes de biomécanique, médecin ostéopathe, titulaire du Département de technique ostéopathique du Chicago College of Osteopathic Medicine aux États-Unis en 1920 disait:

« La gravité est l'un des facteurs qui entravent la circulation. La gravité tue votre patient. La gravité est un facteur inexorable. C'est celui qui charge d’un poids constant la structure de support. »

Benjamin Amram, Ostéopathe D.O.