Massothérapie - kinésithérapie
Il y existe plusieurs défauts de posture, ce qui peut parfois rendre la tâche difficile à quelqu’un qui veut s’éduquer sur le sujet sans être accablé par sa complexité. Eh bien aujourd’hui je vous suggère de continuer notre investigation sur les cervicalgies en se concentrant sur un des défauts de posture les plus fréquents en ce début de vingt et unième siècle : la protraction de la tête.
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Définition de la posture en jeu
La protraction est un défaut postural concentré au niveau cervical. En termes vulgarisés, c’est un avancement de la tête par rapport au reste du corps (pensez à un oiseau comme le vautour).
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Plus spécifiquement, c’est une caractéristique de posture quand le lobe d’oreille repose devant l’acromion, qui est un repère osseux au dessus de l’épaule, quand observé de côté. Malheureusement, c’est un peu plus compliqué à régler que d’agir simplement sur le cervical, car la posture du haut de la colonne vertébrale dépend largement de la posture des segments inférieurs. Par exemple, il sera très difficile de maintenir les lobes d’oreilles au dessus des épaules si le thorax est affaissé vers l’avant en hypercyphose.
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Encore plus malheureux est le fait que cette influence représente en fait un cercle vicieux. Plus le tronc est penché vers l’avant, plus la tête aura tendance à se positionner en protraction, plus le dos a de poids à supporter vers l’avant, plus il penchera, et ainsi de suite. C’est pourquoi un bon traitement pour la protraction de la tête incluera au moins un peu de travail sur le thorax et le lombaire.
Effet au haut cervical
Comme abordé lors du dernier volet de cette série d’articles, la région haut cervical ou sous- occipitale agit comme un tampon postural. Peu importe comment le corps est positionné plus bas, les étages cervicaux supérieurs ont la tâche de maintenir les yeux et la tête à niveau pour bien interagir avec le monde autour.
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Dans le cas de la protraction de la tête, on assiste à une importante extension des cervicales hautes. Ceci peut causer des tensions musculaires assez intenses et tenaces, céphalées et des compressions vasculaires et nerveuses.
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La région haute cervicale est aussi très sollicitée de nos jours, avec une dépendance de plus en plus grande à l’information visuelle que nous fixons via d'innombrables écrans. Les sous-occipitaux sont coordonnés avec les muscles oculaires et vont être encore plus sollicités si on concentre notre regard, vu que cette action s’accompagne souvent d’un léger avancement de la tête.
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Et puis n'oublions pas l’impact de l’articulation temporo-mandibulaire sur la posture. Stress et anxiété favorisent le développement d'une hyperactivité des muscles de la mastication, ce qui peut engendrer bruxisme (grincement des dents) et autres problématiques, particulièrement nocturnes. Malencontreusement, serrer les dents est synergique avec la protraction de la tête. Faites l’exercice de reculer la tête le plus possible et de serrer les dents, et vous verrez qu’il est bien difficile d’avoir autant de force de morsure qu’en position avancée.
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Des muscles masséters hyperactifs et contracturés sont donc un facteur favorisant l’apparition de la protraction de la tête.
L’effet sur l’avant du cou.
Avec le cou cambré vers l’arrière en protraction, il n’y pas que le sous-occipital qui est affecté. L’un des muscles qui se retrouve raccourci est le sterno-cléido-mastoïdien (ou SCM pour les intimes).
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Le SCM est le gros muscle, parfois visible chez certains, qui origine du sternum et qui monte en diagonale jusqu'à l'arrière des oreilles. C’est de loin notre muscle le plus puissant de l’avant du cou et la protraction est la position dans laquelle il sera le plus raccourci. Le problème surgit quand il est raccourci trop longtemps, car un muscle dans cette situation perd de sa capacité à revenir à une longueur normale facilement. Dans le cas du SCM, ce phénomène peut causer des douleurs cervicales et, plus particulièrement, être un facteur de risque à développer des torticolis.
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Un autre muscle affecté est l’omohyoïdien. Ce muscle, comme quelques autres dans sa famille s’occupe de la déglutition de manière involontaire. En protraction, ces muscles sont très étirés et ont de la misère à effectuer leur travail convenablement. Votre corps est un expert pour trouver une façon d’effectuer le travail mécanique, malgré les obstacles; dans ce cas-ci, il fera contracter d’autres muscles avoisinants pour assurer que la déglutition se fasse tant bien que mal.
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Ces muscles par contre, contrairement aux muscles omohyoïdiens, ont d’autres fonctions que la déglutition et l’énergie qu’ils perdront à déglutir ne sera pas disponible quand viendra le temps d’effectuer leur travail premier. De là découlent débalancements, tensions et douleurs.
Risques au long terme
Peut-être que vous présentez une protraction de la tête et qu’elle ne vous pose pas problème au jour de votre lecture de cet article, mais comme toute situation problématique, elle peut se dégrader et causer des dégâts plus sévères si vous ne vous en occupez pas.
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Une des pathologies qui peut se développer quand les vertèbres sont mal alignées et sont forcées de travailler longtemps selon ces conditions est l’arthrose. En bref, un alignement compromis de vos os entraînera plus de frottements, ce qui à la longue vient dégrader les surfaces articulaires en jeu, causant beaucoup de douleur et une perte de mobilité.
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Deuxièmement, les hernies discales cervicales sont aussi une conséquence possible de la protraction cervicale. Si cet article s'est surtout concentré sur l’extension du haut cervical, il ne faut pas oublier que la protraction de la tête comprend souvent une certaine flexion des basses cervicales. Qui dit flexion vertébrale prolongée et pathologique, dit risque d’hernies discales : le disque qui lubrifie le mouvement intervertébral se retrouve déplacé, comprimé et enflammé. Les symptômes engendrés passent de la cervicalgie à la perte de force dans les membres supérieurs.
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Cette dernière section n’a pas pour but de vous faire peur pour que vous consultiez, mais simplement de vous informer pour que vous compreniez bien les implications de consulter ou non.
Conclusion
Finalement, si votre nouvelle connaissance de la protraction de la tête, de sa source posturale, de l’effet induit sur le haut ou sur l’avant de votre cou vous préoccupe ou bien si vous vous reconnaissez et que vous voulez simplement prévenir des complications plus sérieuses, je vous invite à consulter.
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Une panoplie de thérapeutes spécialistes peuvent vous aider, de l’ortho-kinési-massothérapeute à l’ostéopathe, en passant par le physiothérapeute et l’acupuncteur. Chaque approche a ses mérites et permet de considérer la problématique selon différents axes.