Ostéopathie
En tant que massothérapeute clinicien, la majorité des clients que je traite consultent pour des douleurs à un des trois endroits habituels. Les traitements visant une problématique lombaire, cervicale ou de l’épaule seraient en effet assez nombreux pour remplir confortablement la carrière de tout massothérapeute. Ces deux dernières régions, l’épaule et le cervical, sont souvent difficiles à délimiter pour le client moyen. C’est assez logique, vu qu’une bonne partie des problématiques d’une région vont causer des ajustements dans l’autre. De plus, un grand muscle relie les deux régions et peut donner l’impression qu’elles ne font qu’un : le trapèze. Trop souvent, les clients m’arrivent avec ce qu’ils appellent une douleur aux trapèzes; et quoique louable comme effort, cette hypothèse thérapeutique est rarement juste.
x
C’est pourquoi je vous propose aujourd’hui un petit article en défense du trapèze, étayant les circonstances qui peuvent donner l’illusion qu’il serait problématique.
Qu’est-ce qu’un trapèze ?
Le trapèze est un muscle de la chaîne scapulaire (qui assure la mobilité du membre supérieur, ou bras), qui tient son nom, par sa forme, des triangles du même titre. Prenant origine à l’occiput (base postérieure du crâne) ainsi que sur les apophyses épineuses des vertèbres cervicale 1 à dorsale 10 et terminant sur l’épine de la scapula (omoplate), l’acromion et le tiers latéral de la clavicule, il couvre la majorité de la longueur du dos.
x
Cette grande masse musculaire est souvent divisée en trois segments, le trapèze supérieur, moyen et inférieur, mais nous en parlerons comme un seule muscle par raison de simplicité pour aujourd’hui.
x
Étant très superficiel et très volumineux, le trapèze est essentiellement un muscle de mouvement qui effectue la sonnette externe, l’élévation, l’abaissement et l’adduction de la scapula. La majorité des blessures du trapèze surviendront alors durant un de ces mouvements effectués à une grande vitesse, ou avec une grande force. Il est beaucoup plus rare qu’il cause des problèmes par usure, car sa spécialité n’est pas les contractions fréquentes et prolongées.
x
C’est pour cela qu’il faut souvent chercher plus profondément pour trouver les muscles qui sont bel et bien à l’origine des douleurs.
L'élévateur de la scapula et le rhomboïde
Deux de ces muscles sous-jacents étant plus souvent à l’origine des douleurs sont l’élévateur de la scapula et le rhomboïde.
x
L’élévateur prend origine sur le côté des vertèbres cervicales 1 à 4 et s’insère à l’angle supérieur de la scapula pour assurer l’élévation de la scapula. Quand inflammé, il peut procurer une sensation de douleur qui part de la scapula et monte le long du côté du cou en postérieur. Il est aussi le muscle qui « attache les épaules aux oreille » par son élévation. Vous pouvez certainement penser à quelqu’un de votre entourage qui a les épaules absurdement hautes et qui a probablement l’élévateur de la scapula tendu.
x
Le rhomboïde, lui, est un muscle en forme de losange qui relie les apophyses épineuses cervicale 7 à dorsale 4 avec le bord médial de la scapula. Il contribue sa force de contraction à l’adduction de la scapula et à la sonnette interne. Un rhomboïde tendu peut procurer une sensation de point entre les scapulas, ce qui est souvent le cas chez les clients qui sentent des problèmes d’épaule.
x
Vous pouvez remarquer que ces deux muscles effectuent des mouvements communs avec le trapèze, c’est pourquoi on croit souvent, à tort, que c’est ce dernier qui cause les ennuis; on ne pense simplement pas à eux car ils sont plus profonds, donc cachés par les trapèzes. La nuance est dans le fait que ces deux muscles sont plus petits, et donc plus spécifiques dans leurs actions, mais sont surtout plus prédisposés à maintenir une contraction musculaire prolongée, qui résulte souvent en une douleur ou limitation qui se déclare progressivement.
Le petit dentelé postéro-supérieur et les scalènes
Mis à part les rhomboïdes et les élévateurs de la scapula, deux autres muscles encore plus profonds retiennent notre attention comme étant des suspects fréquents dans des douleurs dites aux trapèzes.
x
Le petit dentelé postéro supérieur, ou PDPS, est un muscle inspirateur accessoire qui permet l’élévation des côtes. Rapprochant les cinq premières côtes et les apophyses épineuses cervicale 7 à dorsales 3. Il est plus profond à tous les muscles nommés jusqu’ici et comme vous pouvez le constater, il suit essentiellement le même trajet que le rhomboïde. Bien qu’il ne soit pas attaché sur la scapula, et par conséquent ne fasse pas partie des muscles de l’épaule, un PDPS tendu peut former un renflement qui gêne le glissement de la scapula sur la cage thoracique. Un frottement est donc causé durant les mouvements de l’épaule et peut causer d’autre inflammation dans les alentours, ce qui peut causer (entraîner) de la douleur.
x
Les scalènes sont aussi des muscles inspirateurs, mais sont placés plus en latéralité du cou, près des trapèzes supérieurs. Ils sont composés de trois faisceaux musculaires qui relient les deux premières côtes aux vertèbres cervicales 1 à 6 et qui effectuent aussi la latéroflexion, la flexion et la rotation du cou.
x
Ces deux muscles inspirateurs très profonds sont facilement affectés par les états de stress sont une autre porte par laquelle vos habitudes de vie peuvent venir vous causer des ennuis au niveau cervical-épaule.xx
x
Il existe donc plusieurs muscles sous-jacents aux trapèzes qui sont plus souvent qu’autrement la vraie cause des douleurs ressenties au niveau des trapèzes, ces derniers s’adaptant seulement à leur voisins tendus. Nous avons parlé de quatre muscles ici, certains comme le scalène ayant un rôle bien plus important et complexe, alors qu’il influence beaucoup la posture du haut du corps. C’est ce que nous aborderons le mois prochain alors que nous décortiquerons un défaut postural : la protraction de la tête.
Izaak Lavarenne, Masso-Kinésithérapeute NDG